Autorité royale et féodalité
Trois structures a priori antagonistes vont s'opposer chacune à leur manière à l'autorité seigneuriale, c'est à dire au système féodal et à ses relations féodo-vassaliques. La royauté, l'Église ensuite, les villes enfin. L'objectif du roi est de s'appuyer sur le modèle féodal afin d'instaurer un pouvoir de type souverain s'appliquant à l'ensemble de la population. Pour l'Église, il s'agit d'assurer sa vocation universaliste en s'opposant à l'éclatement issu de la féodalité. Les villes, quant à elles, cherchent à gagner leur autonomie et à s'affranchir des contrôles économiques exercés par le seigneur sur leurs échanges.
A la fin du XIIème siècle, la monarchie capétienne a toutes les apparences d'une monarchie féodale. Le roi est considéré tel un seigneur comme les autres. Il est lui-même pris au piège des relations féodo-vassalique et parfois entouré de voisins beaucoup plus puissants que lui. Hugues Capet est en conflit avec le comte de Périgord. Le roi lui demande « qui t'a fait comte », l'autre lui répond « qui t'a fait roi ? » référence à l'élection du roi de France au XIIème siècle. Malgré sa faiblesse politique et territoriale, le roi préserve au sein du système féodal une certaine singularité.
L'autorité royale est-elle tributaire du droit féodal ?
L'Abbé Abbon de Fleury disait : « Puisque le ministère du roi est de prendre en charge toutes les affaires du royaume pour que rien ne s'y cache d'injuste, comment pourra t-il pourvoir à de telles tâches sans l'assentiment des évêques et des grands ? ». Et il ajoute : « Qu'ils témoignent au roi avec respect l'honneur qui lui est du en lui fournissant l'aide et le conseil ». A travers ses dires, Abbon de Fleury confirme les faits suivants : la singularité royale se maintien malgré le système féodal et par lui (I). Ainsi, le roi est investi d'une mission de caractère public qualifié de ministère. Cette mission du roi s'étend dans tout le royaume. Elle lui