Autrui est-il mon semblable ?
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AUTRUI EST-IL MON SEMBLABLE ? Les Dix Commandements comportent cette injonction : « Aime ton semblable comme tu t’aimes toi-même ». Or cette pensée louable est battue en brèche sans cesse par la réalité, où les hommes se massacrent, se méprisent et se détestent. Les faits contredisent donc le droit divin tel qu’il est exposé dans l’Ancien Testament. Est-ce que cela veut dire que définitivement l’autre m’est un étranger ? Qu’est-ce que cela veut dire « être mon semblable » ? Est-ce simplement celui qui me ressemble ? L’idée d’humanité est-elle impossible ? Les faits (guerres, massacres, et autres génocides) sont-ils légitimes ? Ou le droit (les Dix Commandements ou la Déclaration Universelle des droits de l’homme) peuvent-ils réguler ces faits ?_ _ Autrui est l’autre, celui qui n’est pas moi, l’être que je rencontre, qui s’oppose à moi, tout en étant le même. Il s’impose comme sujet face à ma liberté. Ce n’est donc pas l’ensemble des individus composant l’humanité, ni même les hommes d’une manière générale. Il faut penser autrui comme une rencontre. Il s’agit de penser mon rapport à l’autre, mon lien avec autrui. Kant aurait pu parler de la catégorie de la communauté (Critique de la Raison Pure, analytique transcendantale). Le semblable pose la légitimité de la sympathie, de la compassion - ce que nous pouvons appeler la contagion des consciences - de la reconnaissance - sentiment majeur dans la rencontre avec autrui selon Hegel et Sartre - ou du respect - qui est la distance accordée à toute personne reconnue comme une fin en soi selon Kant. Le semblable n’est pas l’identique, ou l’égal. Il n’y a en aucun cas confusion entre moi et l’autre, ni même identité. Le semblable est un paradoxe, celui de la pluralité au sein d’une unité. Autrui et moi nous ne sommes pas un, mais nos caractéristiques peuvent se penser au sein d’une nature humaine, qui reste une idéalité abstraite dans sa compréhension, car c’est un terme générique, mais concrète dans ma relation