Autrui
Introduction:
Pourrais-je vivre sans aucune relation avec d’autres humains?
Pourquoi les enfants ne commencent-ils à dire « je » que lorsqu’ils deviennent capables d’intégrer l’expérience et le point de vue de l’autre?
Si j'étais seul au monde y aurait-il un sens à agi, à me conduire bien ou mal dans la vie? Le terme autrui est d'un usage peu courant mais la réalité et les problèmes auxquels il renvoie sont toujours ancrés dans l'expérience commune.
Pourtant, si le souci de placer la conscience de soi ou le « je » passant au cœur de la condition humaine a très tôt constitué un axe majeur de la philosophie classique, la prise en compte des relations intersubjectives et de leur rôle dans la condition de chaque sujet, n'interviendra pas vraiment avant le 19eme s, en particulier avec Hegel. Seul la philosophie politique a rencontré plus tôt et en quelque sorte indirectement, cette dimension de l'homme, en interrogeant sur les conditions du passage d'un hypothétique état naturel de l'humanité a la vie sociale organisée (état de nature ≠ Société et Etat)
I. «L’insociable sociabilité »
1.1 Les paradoxes de la condition humaine
Pour reprendre une célèbre formule de Pascal « l'homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature » qu’une goutte d’eau pourrait tuer. «un roseau pensant», certes mais à quoi lui servirait-il de penser si, à chaque instant sa vie même sa vie était menacé?
→ Premier paradoxe de la condition humaine: nous disposons de facultés uniques (la conscience de soi, la pensée, le langage..) mais nous sommes particulièrement mal adaptés à l'hostilité de la nature, particulièrement démunis dans la lutte pour la survie face par exemple à des animaux, dotés d'une force physique supérieure à la nôtre. Si l'espèce humaine a avant tout survécu, c'est probablement parce qu'elle a, dès l'origine su composer cette fragilité par la domination intellectuelle de la nature et des autres espèces et, très tôt, inventé des