Avez-vous besoin, comme l'écrit alain robbe-grillet, de juger, d'aimer, de haïr le personnage pour apprécier la lecture d'un roman ?
ORTEGA
Français, Dissertation
Avez-vous besoin, comme l'écrit Alain Robbe-Grillet, de juger, d'aimer, de haïr le personnage pour apprécier la lecture d'un roman ?
D'après Robbe-Grillet, la lecture d'un roman induit forcement un sentiment de haine, d'amour, ou un jugement envers le personnage. Il est en effet inévitable qu'au fil du roman, le lecteur qui a suivit le héros dans ses péripéties, ne se sente en droit d'émettre un jugement sur son comportement. L'identification, sinon la prise d'opinion, se fait naturellement. Mais le roman se réduit-il à son personnage ? Si le propos de Robbe-Grillet est juste, nous verrons qu'un roman réussit se compose d'autres éléments qui seront abordés par la suite.
Le fait de suivre un héros amène une réflexion, puis une identification. Ferions-nous les mêmes choix ? Dans le cas où la prise de position est différente, est engendré un jugement. Dans le cas de Gervaise (l'Assommoir de Émile Zola), le jugement est à la limite du mépris; de par sa faiblesse avec les hommes et l'alcool, nous la plaignons et la dédaignons. Son incapacité à s'affirmer, et résister au danger dérange, particulièrement lorsqu'elle manque de s'en sortir; c'est son propre échec qu'on a alors sous les yeux. Elle représente nos faiblesses enfouies, et la peur omniprésente de la déchéance. Le but de ce roman étant de nous mettre nez à nez avec la misère, il est d'autant plus perturbant qu'elle représente tout ce que l'on déteste et les faiblesses que l'on tente d'intérioriser, les mauvais choix que l'on aurait pu faire.
Le fait de haïr un personnage est selon moi plus délicat. Comme c'est son histoire que nous suivons, notre empathie lui ai le plus souvent destinée. Trouver des personnages haïssables est même rare dans la littérature française. Néanmoins les personnages de la marquise de Merteuil, et du vicomte Valmont (Les Liaisons dangereuses, de Pierre Choderlos de Laclos) n'attirent pas au premier abord la sympathie du lecteur. La