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Gautier expose la théorie de l'art pour l'art dans la préface de son roman, Mademoiselle de Maupin (1836). On s'est souvent contenté de souligner l'aspect négatif de cette théorie, ses refus, sans montrer assez ses aspects positifs, les valeurs qu'elle défend.
L'idée fondamentale, c'est que l'art n'a d'autre but que lui-même. La création artistique doit être parfaitement gratuite: « II n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien; tout ce qui est utile est laid.» Un triple refus découle de cette conception:
· refus de la poésie politique à la façon de Hugo (l'art est indifférent au progrès social),
· refus de la poésie philosophique à la manière de Vigny (l'art n'a pas à transmettre des idées ou une morale);
· refus de la poésie sentimentale à la façon de Lamartine, car le lyrisme est trop souvent un laisser-aller dont la forme pâtit.
Tels sont les refus. Quant aux valeurs défendues, elles sont essentiellement la beauté et la liberté. Dans le poème L'Art, Gautier a exprimé son culte pour la belle forme que seul peut dégager un long et pénible travail. L'artiste est libre de peindre ce qu'il veut. L'accuser d'être immoral ou mensonger, c'est lui faire un faux procès, car son domaine n'est ni le Bon, ni le Vrai, c'est le Beau. Toute censure est donc absurde, et la seule critique admise est celle qui porte sur la qualité artistique de l'œuvre.
Il ne te reste plus qu'à illustrer ces critiques de la poésie engagée ou sentimentale, et cette promotion du Beau.
Baudelaire ne disait rien d'autre dans l’Art romantique : « Il est une autre hérésie... Je veux parler de l'hérésie de l'enseignement, laquelle comprend comme corollaires inévitables, les hérésies de la passion, de la vérité et de la morale. Une foule de gens se figurent que le but de la poésie est un enseignement quelconque, qu'elle doit tantôt fortifier la conscience, tantôt perfectionner les mœurs, tantôt enfin démontrer quoi que ce soit d’utile... La poésie