Jean Racine, Phèdre (1677)

Explications de texte

Phèdre : Acte II, Scène 5 (623-670)

Situation : ils viennent d’apprendre que Thésée est mort. C’est l’un des aveux les plus envoûtants et les plus tragiques de la pièce. C’est le moment où Phèdre tente de vivre son amour en confondant Hippolyte et Thésée. Par le mécanisme du fantasme, elle récrit l’aventure du minotaure et par une série de glissements successifs, elle remplace Thésée par Hippolyte et Ariane par elle-même.

Problématique : cette tirade constitue l’aveu indirect de Phèdre de son amour pour Hippolyte. D’abord voilé, cet aveu devient de plus en plus explicite par le jeu des pronoms personnels qui se substituent l’un l’autre.

Analyse :

Lignes 623-630 : Phèdre parle de la mort de Thésée. On a en effet l’impression qu’elle le regrette. Cependant, on voit un éclair de lucidité lorsqu’elle dit « je m’égare » puis elle ajoute « Seigneur ; ma folle ardeur malgré moi se déclare ». On peut sous-entendre qu’elle se reprend et essaie de lui faire passer un message ; elle l’aime.

Lignes 631-633 : Hippolyte ne comprend juste rien. Il est persuadé qu’elle est sincèrement triste que son mari soit mort. Il ne comprend pas qu’elle essaie de lui dire qu’elle l’aime.

Lignes 634-640 : elle fait un portrait antithétique d’un Thésée maintenant vieilli et infidèle. Infidèle car « volage adorateur de milles objets divers » : le mot objet qu’on peut traduire par femme. « qui va du Dieu des Morts déshonorer la couche » car il a même essayé de voler la femme du Dieu des Morts. Puis elle fait son portrait lorsqu’il était jeune et fier (voilà pourquoi on peut parler d’un portrait antithétique). « Mais fidèle, mais fier, et même un peu farouche » : mais de qui parle-t-elle réellement? Thésée lorsqu’il était jeune ou Hippolyte ?! On sent déjà ici que Phèdre est peu claire d’où cette superposition d’adjectifs qui peuvent tantôt appartenir au père jeune, tantôt au fils Hippolyte. Cependant, cette dernière citation