BAC BLANC DEC 2003 CORRIGE DISSERTATION
La culture est le processus de la formation de l’esprit et du goût, qui passe, entre autres , par la pratique des arts et des lettres. Quand Rousseau condamne, dans le Discours sur les Sciences et les Arts, ces raffinements de la civilisation, c’est au nom d’une vision de l’histoire comme décadence, dénaturation et perte de l’authenticité originelle, complètement opposée à l’idée de Progrès qui gouverne les Lumières. C’est ainsi qu’il a pu assimiler les arts et les lettres et le luxe, entendu comme inutile , superflu et coûteux, mais aussi inégalitaire et moralement condamnable.. Cette assimilation est-elle légitime ? Si les arts et les lettres peuvent en un certain sens apparaître comme des occupations luxueuses, dans le sens ou elles ont un prix, dans le double sens de coût et de valeur, elles n’en sont pas pour autant condamnables, au contraire.
La condamnation des arts et des lettres pour être comprise doit être resituée dans un contexte. Les arts et les lettres se sont développés, dans le monde occidental, à la faveur d’une inégale répartition des richesses. Une classe possédante, vivant dans l’oisiveté du produit du travail de sujets soumis, a pu s’accorder le temps de cultiver son intérêt pour la poésie, la musique, la philosophie ou les arts. Philosophes et écrivains pendant l’Antiquité se recrutent parmi les citoyens libres qui vivent dans l’otium, c’est à dire en dehors du champ de la production, à moins qu’ils ne soient entretenus par des citoyens fortunés. Cette élite a même encouragé les artistes, qu’elle a contribué à former, à travers une politique de commandes, ou d’emplois, et une activité