Bateau ivre commentaire
Introduction
Ce poème, qui date de 1871, a été écrit au moment où Rimbaud affirmait son désir de se faire « voyant » : « Le Poète se fait voyant, par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens » (Lettre du Voyant au poète Paul Demeny, 15 mai 1871)
Cette théorie de la voyance se définit comme une révolte, un refus de l'ancien langage poétique. On qualifie cette révolte de créatrice parce qu'elle veut aboutir à une connaissance de l'inconnu, de soi-même et à un dépassement des limites poétiques déjà établies.
Rimbaud veut créer un langage nouveau, délivré de la logique, de la grammaire et de la syntaxe, capable d'exprimer ses visions mais aussi l'inexprimable...
Le titre
Il met en évidence 2 registres thématiques qui seront exploités à l’intérieur du poème : * Le « bateau » peut être synonyme de : départ, liberté, évasion, dérive, vagabondage, aventures, découvertes, ailleurs, course perpétuelle, errance infinie… * L’adjectif « ivre » établit le caractère halluciné, l’état second, l’étourdissement, le dérèglement de la sensibilité qui rend ce voyage dans l’imaginaire plus fécond…
Etude du passage : strophes 1 à 7
3 axes se confondent avec le déroulement linéaire des strophes : * Strophes 1 à 3 : la conquête de la liberté * Strophes 4 à 5 : le baptême et la purification * Strophes 6 et 7 : la poésie de la voyance à travers l’univers créé
I. La liberté conquise : strophes 1 à 3
Vers 1 : Le poème s’ouvre sur une personnification du Bateau (« je »), qui prend la parole (prosopopée) pour évoquer son univers passé présenté comme négatif. 1. Les contraintes à abolir : * Bateau condamné aux eaux tranquilles et domestiquées, monotonie des voyages fluviaux : « fleuves impassibles » (v.1) * Bateau livré au pouvoir des autres, privé de liberté : « guidé par les haleurs » (v.2)
Note de vocabulaire : les haleurs sont ceux qui remorquent les chalands (bateaux à fond plat)