Baudelaire bohémiens en voyage lecture analytique
Slpeen et Idéal XIII Bohémiens en Voyage
Vocabulaire
Ø Bohémien
«Bohémiens» est un des noms donnés aux tziganes, populations originaires de l’Inde, apparues en Europe au XIVe siècle. On pensait autrefois que ces nomades venaient du royaume de Bohême, une partie de la République Tchèque actuelle. Il n'en était rien; ils étaient passés par la Bohême (d’où « bohémiens »), par la Roumanie (d’où «romanichels» et «roms») et l’Égypte (d’où «Égyptiens», «gypsies»). L’origine mystérieuse des tsiganes, leur mode de vie marginal et leur liberté rebelle alimentaient les fantasmes et les rejets. Mais ils suscitaient aussi une certaine fascination, en particulier chez les artistes et écrivains du 19ème siècle.
Au 17ème siècle, le graveur lorrain Jacques Callot leur avait consacré quatre planches, intitulées « Les bohémiens ». Le sonnet de Baudelaire prend ces gravures comme point de départ mais ne retient que quelques éléments particuliers : les femmes aux « mamelles pendantes » ou qui portent leur enfant sur le dos, les hommes armés qui vont à pied le long des chariots. Il procède à une transposition dans laquelle ces éléments deviennent des symboles du poète.
Ø « Tribu prophétique »
Le mot «tribu» indique une communauté primitive qui a son histoire, ses racines, ses traditions, ses valeurs, sa hiérarchie, ses règles et ses lois. La tribu est qualifiée de «prophétique», car les bohémiennes pratiquent la chiromancie, la divination par la lecture des lignes de la main, ce qui avait fait écrire à Callot comme légende rimée de l’une de ses estampes :
«Ces pauvres gueux pleins de bonadventures Ne portent rien que des choses futures.»
Baudelaire reprend cette idée dans la chute du sonnet : «L’empire familier des ténèbres futures. »
Ø « Prunelles ardentes »
L’épithète est justifiée parce que les yeux des tsiganes sont très noirs. Dans l'imagerie du Moyen Âge, le diable a les yeux entièrement