Baudelaire le possédé
Le soleil s'est couvert d'un crêpe. Comme lui,
Ô Lune de ma vie ! emmitoufle-toi d'ombre ;
Dors ou fume à ton gré ; sois muette, sois sombre,
Et plonge tout entière au gouffre de l'Ennui ;
Je t'aime ainsi ! Pourtant, si tu veux aujourd'hui,
Comme un astre éclipsé qui sort de la pénombre,
Te pavaner aux lieux que la Folie encombre,
C'est bien ! Charmant poignard, jaillis de ton étui !
Allume ta prunelle à la flamme des lustres !
Allume le désir dans les regards des rustres !
Tout de toi m'est plaisir, morbide ou pétulant ;
Sois ce que tu voudras, nuit noire, rouge aurore ;
Il n'est pas une fibre en tout mon corps tremblant
Qui ne crie : Ô mon cher Belzébuth, je t'adore !
Structure :
C est un sonnet écrit en alexandrin aux rimes embrassées ABBA
Temps et modes :
Majoritairement en mode Impératif présent ce qui, dans le cas présent, donne un effet de souhait, une volonté
Mais aussi une sorte d instabilité de la part du récepteur
En mode indicatif présent ce qui donne comme effet une abdication (l’émetteur a perdu d’avance)
Fonctions :
Conative : centrée sur le lecteur même si le dernier ver nous fait apparaitre le récepteur.
D’ailleurs le nom de « Belzébuth » nous surprend car le texte est écrit au féminin :
Sois muette, tout entière et même Lune de ma vie. ( la lune qui est le symbole de la femme)
Et bien sure poétique.
Isotopies :
Ténèbres : crêpe, ombre, pénombre, gouffre, dors, sombre, nuit noire, Belzébuth.
Lumière : soleil, allume, flamme, lustre, aurore, lune.
On ressent une sorte de combat intérieur.
Déterminants :
Il y en a très peu lors des 2 premières strophes, puis de plus en plus.
Beaucoup d articles définis : le, l’, la.
Adjectifs possessifs : ton, ta, mon.
Articles indéfinis : des
Petites constatations :
Lune, Ennui, Folie ont une majuscule ce qui donne une dimension supérieure personnification de ces éléments. En un claquement de doigts, nous sommes transcendés. Dans une