Baudelaire le voyage et la mort
Baudelaire exprime souvent une vision du bonheur, mais c’est un bonheur qui ne peut se trouver que dans les rêves du poète. Il prend la forme d’un paysage exotique, but d’un voyage, qu’il propose souvent à la femme aimée. Il est torturé par un besoin de déplacement à la recherche du paysage de ses rêves.
Changer de demeure devient une hantise et s’exprime par un désir de voyager, de trouver des mondes inconnus. Comme les malades de l’hôpital qui pensent qu’ils guériront s’ils changent de lit, le poète pense qu’il sera heureux ailleurs. Cette fuite devient une rupture avec le monde où il se trouve, elle devient donc une évasion. Evasion vers des paysages nouveaux, insolites, lointains, exotiques, irréels. Voyages à des lieux qui possèdent chacun un caractère particulier. Paysage rêve d’un architecte urbaniste, qui bannirait de sa composition tout élément naturel, exprimant « la haine du végétal », paysage exotique où dominent les parfums, mais aussi paysage inhumain plongé dans une nuit qui n’est qu’à peine éclairée par « les aurores boréales ». Nous voyons que les destinations que se fixe le poète deviennent de plus en plus irréelles. Cela ne peut dire qu’une chose : Toute évasion qui ne serait pas un départ hors de ce monde serait illusoire. Si l’homme est tenté par le voyage, c’est qu’il a besoin d’un ailleurs. Mais trouvera-t-il ce qu’il cherche ? Non puisqu’ il n’est même pas capable de savoir ce qu’il porte en lui. Le spectacle du monde est d’une navrante uniformité. Les paysages les plus réputés sont illusoires, car c’est notre imagination qui les crée, et notre imagination n’a pas besoin de voyager pour créer. Les sociétés humaines sont partout les mêmes, il est vain de chercher des différences. Toutes le civilisations, tous les régimes politiques, toutes les religions se valent et valent ce que vaut une humanité corrompue. Tout voyage terrestre n’est qu’agitation et