Baudelaire les fleurs du mal
1. « Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence,
Tu m’as donné ta boue et j’en ai fait de l’or. »
Baudelaire, dans le projet d’un épilogue pour l’édition de 1861 des Fleurs du mal, s’adresse à Paris.
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La poésie moderne se définit par une esquisse inédite : prendre en compte la laideur du monde, non plus seulement pour s'en railler (comme dans le genre ancien de la satire), mais pour tenter d'y révéler une beauté. Il faut y voir surtout la déclaration d'un poète exigeant qui veut rivaliser avec Dieu. Il y a une allusion très claire à l’origine dans laquelle Dieu crée l'homme en malaxant un peu d'argile. Baudelaire transforme cette image mythique. La boue, c'est la réalité à l’état brute. Le poète en artiste, en alchimiste, fait mieux que Dieu puisqu'il est capable de transformer la laideur en beauté. Si on approfondit, on peut percevoir une conception platonicienne chez Baudelaire. La beauté n'est pas dans les choses, elle découle d'un travail artistique qui consiste à mettre ordre et harmonie là où la création n'est que désordre. C'est ce qui semble se dire dans ce vers de Baudelaire : « Car j’ai de chaque chose extrait la quintessence, Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or », l'exercice poétique se voit donner comme objet la matière la plus ignominieuse, elle charge au poète de la métamorphoser en la plus noble, la plus belle, et la plus précieuse. Quelle mission le poète se doit d’accomplir pour élever son âme ? Et comment la beauté éloigne-t-elle le poète de sa condition de mortel ?
Baudelaire dans son œuvre opère une véritable réflexion. L’alchimie dans ce poème est présente car il s’agira pour le poète de réaliser une unité sur la laideur et sur la capacité de la poésie à en faire aux yeux du monde de la beauté. Pour que cette transformation soit opérée, le poète utilise l’alchimie. Le poète