baudelaire
André Durand présente
‘’L’invitation au voyage’’
poème de Charles BAUDELAIRE
dans
‘’Les fleurs du mal’’
(1857)
Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes
10 Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs
20 Aux vagues senteurs de l'ambre Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l'âme en secret Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
30 Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde. Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or ; Le monde s'endort
40 Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Commentaire
Dans ‘’Les fleurs du mal’’, le thème du voyage apparut à plusieurs reprises, s’accompagnant de la définition d’un lieu privilégié qui offre refuge, consolation, bonheur, Baudelaire menant une quête inlassable pour échapper au sentiment de spleen, d’ennui profond et mélancolique, qu’il éprouvait intensément. Ce thème fut illustré en particulier par ce poème musical et apaisant, même s’il appartient à la partie ‘’Spleen et idéal’’