baudelaire
I. La toute-puissance de la volupté
A. Un monstre d’érotisme
1. La mise en scène du corps féminin
Abolissant la tradition courtoise des blasons Renaissance, Baudelaire évoque un corps de chair voué au désir : connotations sexuelles de la " bouche de fraise ", féminité sensuelle ("seins", "lèvre humide", "buste"). Un corps naturel et sexuel mis en valeur par deux accessoires : le busc et le musc.
2. Une femme animale
La femme "naturelle" tant haïe par Baudelaire apparaît ici dans toute sa splendeur : la comparaison avec le serpent (cf. le Mal) est reprise par la femme elle-même ("Lorsque j’étouffe un homme"). Et ses paroles ressemblent à un attirant venin (vers 4).
3. L’anti-muse
La femme-vampire, puisqu’elle suce le sang (et l’inspiration ?) du poète, ne donne ni n’inspire rien : elle ne fait que prendre. L’ellipse entre les vers 16 et 17 suggère un avant et un après de la volupté, au cours de laquelle la femme prive le poète de ses forces.
B. Déesse et prêtresse
1. L’amour comme culte infernal
La femme est à la fois celle qui célèbre le culte de l’amour et celle qui est célébrée par ce culte. L’amour prend la forme d’un sacrifice où les rôles s’échangent d’un vers à l’autre (vers 12-13), où la tendresse est remplacée par la violence ("étouffer", "morsures").
2. La figure de la géante
Cette femme au corps démesuré se proclame elle-même géante : elle est l’univers entier (vers 9-10), dans une gradation explicite. Vision paradoxale d’une femme à la fois repoussante et fascinante, qui se déploie à la limite entre rêve et cauchemar.
3. La femme, souveraine diabolique
Le pouvoir de la femme-vampire n’est pas que charnel : elle détient des savoirs mystérieux dont elle se vante (vers 5-6 : allitération en [s] et diérèses). Une puissance telle qu’elle aboutit au sacrilège (vers 15-16) souligné par l’hypallage (vers 15, ce sont en réalité les hommes "qui se pâment d'effroi") : dotée d’un savoir mortifère,