Gustave Flaubert (1821-1880) est un auteur majeur de la deuxième moitié du XIXè siècle. A cette époque, deux mouvements littéraires s'entremêlent : le romantisme et le réalisme. Les romans de Flaubert se développent ainsi selon deux veines d’inspiration antagonistes : l’une est hantée par la tentation romantique et lyrique, l’autre est tendue dans un perpétuel effort vers le réalisme le plus absolu. Flaubert a commenté lui-même cette ambivalence. Je cite: « Il y a en moi, littérairement parlant, deux bonshommes distincts : un qui est épris de gueulades, de lyrisme, de grands vols d’aigles, de toutes les sonorités de la phrase et des sommets de l’idée ; un autre qui creuse et fouille le vrai tant qu’il peut. »

Né dans une famille de la petite bourgeoisie catholique et d'ancêtres protestants le 12 décembre 1821, Gustave Flaubert est le deuxième enfant d’Achille Cléophas Flaubert (1784-1846), chirurgien-chef très occupé à l'Hôtel-Dieu (hôpital) de Rouen, et de son épouse, Anne Justine Caroline Fleuriot (1793-1872), fille d’un médecin de Pont-l'Evêque.
Il a donc grandit dans un milieu social élevé, à Rouen, dans l'Hotel Dieu dirigé par son père. Délaissé par sa famille, dont l'attention se porte sur son frère aîné, le jeune Flaubert passe une enfance assez malheureuse dans l'appartement de fonction de l'hôpital où travaille son père : il connut la monotonie de la vie en province (et s'en souviendra lorsqu'il écrira le roman Madame Bovary en 1857). Pour tromper son ennui, il s'adonna très tôt à la littérature.
En 1832, il entra au collège Royal de Rouen en tant qu'interne, pensionnat dans lequel les conditions de vie étaient plutôt difficiles. Il dit : « Ce fut un temps d'inconcevable ennui et d'une tristesse bête mêlée à des spasmes de bouffonnerie. » A cette date, il écrit son premier texte public avec l'aide de Ernest Chevalier, un journal littéraire nommé Arts et Progrès. Puis il poursuivit ses études au lycée de Rouen. Ses rêves d'adolescent se