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Mesure-t-on la révolution introduite par le « frigo », en apparence si insignifiant mais devenu en fait le centre de l'organisation alimentaire ? Les « mangeurs individuels » peuvent désormais à leur guise se servir directement et grignoter quand bon leur semble. Il y a ceux qui déjeunent debout à côté du frigo, ceux qui se contentent de piocher leur dessert individuel à la fin du repas, ou ceux qui ne l'utilisent que pour stocker les aliments à usage collectif. « Le frigo se fait encore plus radicalement déstructurant par cette indéfinition. Car en laissant ouverts tous les possibles et en entremêlant les registres d'action (individuelle ou collective), il brise les disciplines instituées. Grâce à lui le mangeur-consommateur se fait roi. »
Les repas connaissent la même indétermination. Certaines règles s'assouplissent voire disparaissent, d'autres restent. Les familles encore attachées à une stricte discipline côtoient des familles où l'on ne mange plus vraiment ensemble autour d'une table. Cette dernière du reste s'est démultipliée : la table de cuisine, la table de la salle à manger, la table basse du salon, les plateaux-repas, minitables mobiles et individuelles..., autant de lieux désormais où l'on peut manger, ensemble ou non. L'individu contemporain est tiraillé entre des principes souvent contradictoires : cuisine plaisir, mais aussi cuisine-santé, voire cuisine-minceur, cuisine rapide mais aussi