Blaise pierrehumbert : le premier lien : théorie de l'attachement
La première partie du livre : "l'émergence historique" est une réflexion extrêmement riche sur l’articulation de la culture, des idées, avec ce constat : nos capacités d’observation sont culturellement surdéterminées. Cela est particulièrement net concernant l’histoire de la famille.
La question de départ de cet historique est : comment comprendre que "de l’encombrant nourrisson de l’ancien régime" on soit passé successivement par les épisodes du "charmant bébé" rousseauiste, du bébé destiné à repeupler le pays et les armées, du "bébé qu’il faut dresser" (le bébé de la puériculture et de l’apogée du discours médical sur la maternité, au milieu du 20°siècle) du "merveilleux bébé" et de sa "divine maman", du "bébé prophète", lorsque ce n’est pas du "foetus prophète" (et de ses parents disciples) de la fin du 20e siècle ?" (selon l’inventaire humoristique de Geneviève Delaisi de Parceval et Suzanne Lalemand).
Cette partie m’a beaucoup fait penser aux travaux de Nadine Lefaucheur, particulièrement son texte "Qui doit nourrir l'enfant dont le père est absent?", car elle permet de comprendre que la mortalité infantile a longtemps été un "moindre mal", une fonction homéostatique nécessaire à l’équilibre social.
Le deuxième chapitre, "le contexte clinique et psychologique", raconte la rencontre logique et pourtant peu banale entre la psychanalyse, l’éthologie et l’histoire, avec la publication concomitante (en 1958) du rapport de Bowlby "the nature of child’s tie to his mother" (la nature du lien de l’enfant à sa mère), du livre de l’ éthologue Harry Harlow, "the nature of love", et de celui de Philippe Ariés, "L’enfant et la vie familiale sous l’ancien régime". L’hypothèse de Blaise Pierrehumbert est que cette