Blakans
La guerre de 1877-1878 avait eu pour effet, non seulement la dislocation de l'Empire ottoman livré désormais en proie à toutes les convoitises, mais l'affaiblissement même de la Russie victorieuse, dont les ressources étaient épuisées en même temps que ses ambitions nationales s'allumaient avec plus d'ardeur. Profitant de l'occasion favorable, l'Allemagne a poussé l'Autriche en avant dans la péninsule des Balkans avec une rare vigueur […].
Votre Excellence sait avec quelle énergie et quelle persévérance, depuis quinze ou dix-huit mois surtout, l'Autriche a fait sentir son action sur les petits Etats de la péninsule, sur le Monténégro et la Serbie, en Bulgarie, en Roumanie même. Ces Etats sont autant de clients que l'Autriche dispute aujourd'hui avec âpreté à la Russie, et malgré les avantages que donne à cette dernière la communauté de race et de religion, les principautés slaves tombent peu à peu dans l'orbite de la monarchie austro-hongroise.
Les questions de chemins de fer, la navigation du Danube, les traités de commerce sont autant de moyens dont le Cabinet de Vienne se sert habilement, et, grâce à la pression des intérêts matériels, il oblige par degrés des populations pauvres et ignorantes à subir son ascendant. La Roumélie, la Macédoine n'échappent pas à ce travail ; les missions catholiques, qui dans cette région étaient depuis longtemps l'un des principaux moyens d'influence du Gouvernement français, se réclament plus volontiers aujourd'hui de l'Empereur François-Joseph. On sent que l'Autriche, ordinairement si prudente dans ses aspirations et si lente dans ses mouvements, est poussée par une main qui ne souffre ni hésitations ni retards.
Note du baron de COURCEIL ambassadeur de France à Berlin, au ministre français des Affaires étrangères, le 22 février 1882.
SOURCE 2
Ce qui a compliqué et exaspéré les luttes nationales en Orient, c'est l'intervention des puissances intéressées, pour exciter les peuples balkaniques l'un contre