Blizard
Zola est entré partout, chez les ouvriers et chez les bourgeois. Chez les premiers, selon lui, tout est visible. La misère comme le plaisir saute aux yeux. Chez les seconds tout est caché. Ils clament : 'Nous sommes l'honneur, la morale, la famille'. Faux, répond Zola, vous êtes le mensonge de tout cela. Votre pot-bouille est la marmite où mijotent toutes les pourritures de la famille. Octave Mouret, le futur patron qui révolutionnera le commerce en créant 'Au Bonheur des Dames', arrive de province et loue une chambre dans un immeuble de la rue de Choiseul. Beau et enjoué, il séduit une femme par étage, découvrant ainsi les secrets de chaque famille. Ce dixième volume des Rougon-Macquart, retraçant la vie sous le Second Empire, c'est ici la bourgeoisie côté rue et côté cour, avec ses soucis de filles à marier, de rang à tenir ou à gagner, coûte que coûte. Les caricatures de Zola sont cruelles mais elles sont vraies.
Extrait:
Chapitre I
Octave Mouret, fils de François Mouret et Marthe Rougon, âgé de vingt-deux ans, quitte Plassans pour s'installer à Paris. Un ami de la famille, l'architecte Achille Campardon, lui trouve un logement dans un immeuble bourgeois parisien de la rue de Choiseul. Le jeune homme loge au quatrième étage. Il rencontre le concierge Gourd et prend connaissance des autres occupants : le propriétaire Vabre avec ses trois enfants et son gendre Duveyrier chez qui il loge, Mme Juzeur, Campardon avec sa femme Rose et sa fille Angèle, la famille Josserand avec deux filles célibataires, le couple Pichon et leur petite fille ainsi qu'un célèbre écrivain.
Venant de Marseille pour avoir une situation dans le commerce, ayant déjà des rentes et de l'argent à placer, Campardon lui trouve rapidement un emploi de premier commis chez les Hédouin, qui dirigent le magasin de nouveautés Au Bonheur des Dames, une enseigne de taille modeste. Mais, Octave s'aperçoit rapidement que l'architecte entretient une liaison avec la cousine Gasparine, qui