Boris vian
Boris Vian
Composée en 1956, La complainte du Progrès est une critique très drôle de la société de consommation et ses dérives. Nous sommes alors dans la période des "Trente Glorieuses" (1946-1975), marquée par une croissance économique soutenue et ininterrompue, ainsi qu'une amélioration générale des conditions de vie.
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La consommation des ménages français est ainsi multipliée par 2,7 en francs constant, au cours de cette période. Le chômage reste inférieur à 2%. Cette hausse du niveau de vie s’accompagne d’une augmentation du niveau d’équipement. En 1957 , seuls 6.7% des foyers étaient équipés en automobiles contre 65.3 % en 1976. Ils étaient seulement 17.4% à posséder un réfrigérateur contre 90.8% en 1976. Le téléphone est plus long à s'imposer: seuls 28% des ménages en sont équipés en 1970 (mais 70% des cadres l'ont, contre 10% des ouvriers). En 1958, un Français sur dix possède une machine à laver, pour sept sur dix en 1974. On voit donc se développer une véritable société de consommation.
Dans les budgets des familles, la part des dépenses d'alimentation et d'habillement ne cesse de baisser. C'est la fin de l'économie de survie (pour le plus grand nombre). L'accès à la consommation devient une des préoccupations majeures des Français. Cette évolution est, permise, entre autres, par le développement du crédit. De nouveaux objets au design alléchant garnissent les intérieurs: rasoir, transistor, sèche-cheveux, lampadaire, cocotte-minute, mixeur, téléphone...
Ecrivains, cinéastes, chanteurs s'intéressent bien sûr au phénomène, qui ne manque pas de les inquiéter. Ainsi, en écho à la chanson de Vian, Georges Pérec décrit dans son roman "les choses", l'insatisfaction d'un jeune couple qui cherche à dépasser ses problèmes en se réfugiant dans une consommation effrénée. Il écrit ainsi: "De station en station, antiquaires, libraires, marchands de disques, cartes de restaurants,