Boulanger
(Université de Reims)
L’Eglise et les usages politiques de Clovis du traité de Maastricht au XV° centenaire du baptême du roi des Francs
Qui aurait dit en 1986 que la France s’enflammerait dix ans plus tard à propos de Clovis, que des comités
Clovis et anti-Clovis surgiraient et que certains verraient dans ce qui pouvait apparaître comme une commémoration de plus, l’affrontement des deux France, comme un siècle plutôt? Entre l’année 1986 et le 22 septembre 1996, l’Eglise catholique s’est trouvée entraînée dans une tourmente politique inattendue. Certes, les responsables de la hiérarchie n’ignoraient pas que la célébration du baptême de Clovis était susceptible de récupérations politiques, mais ils pensaient avoir mis en place des pare-feux efficaces. Cependant, ce ne fut pas de l’extrême-droite que vint l’offensive la plus dangereuse, mais paradoxalement de la gauche laïciste. Nous nous efforcerons donc de comprendre de quelle façon l’Eglise catholique d’après Vatican II a pu se lancer dans l’aventure d’une commémoration qui s’inscrivait a priori plutôt dans une thématique datant du siècle précédent. Il faudra ensuite examiner les parades imaginées pour contrer cette récupération prévisible par l’extrême droite avant de voir comment s’est développée une offensive moins attendue venue d’une partie de la gauche.
-IDu coté de l’Eglise catholique, tout commence, en apparence, le 17 février 1990. Ce jour-là, se tient la première réunion convoquée par l’archevêque de Reims dont nous ayons trouvé trace. Sont présents, outre Mgr
Balland, trois ecclésiastiques et un laïc, présent en raison de sa double qualité d’historien et de catholique militant.
Une représentante de la municipalité avait été invitée; elle n’a pu venir. La perspective de la rencontre est clairement établie: “l’horizon du quinzième centenaire du baptême de Clovis”. Pourquoi y penser si longtemps à l’avance? La réponse de Mgr Balland est triple: 1) “une