En quoi le statut de l'objectivité scientifique des sciences humaines diffère-t-il de celui des sciences formelles ou expérimentales ? Le statut de l'objectivité scientifique en sciences humaines fait aujourd'hui encore l'objet de discussions dans la mesure ou contrairement aux sciences physiques et biologiques, les sciences humaines ne sont pas « expérimentales » : on ne trouve pas en histoire ou en sociologie, à l'occasion d'une recherche, des résultats irréfutables et valant comme « loi » quelle que soit la situation considérée. Toutes les sociétés humaines n'ont pas la même histoire. L'avenir d'un groupe social ne peut être « prédit ». Il n'y a pas à ce titre de déterminisme absolu. Par rapport aux sciences formelles comme les mathématiques ou la logique, les sciences humaines obligent les chercheurs à prendre en compte de nombreux paramètres d'ordre qualitatif et contingent qui montrent la complexité d'une approche scientifique de la culture et du fait social. Toute culture n'est pas universelle. Le fait social peut être étudié à partir d'outils objectifs et quantitatifs mais ces outils valent sur un temps donné, un contexte géographique, un territoire précis. Une société humaines n'est pas figée. Pour cette raison, les objets et les méthodes des sciences humaines nécessitent une précaution particulière. Le chercheur peut établir des corrélations entre plusieurs phénomènes pour expliquer les rouages d'une société mais reste relativement prudent. Il ne parle pas de « loi » au sens physique du terme. Il peut s'appuyer sur des données quantitatives et/ou qualitatives qui nécessitent de concevoir et de mettre en œuvre des outils objectifs, mais n'ignore pas que la mesure et l'étude des intentions humaines gardent un caractère aléatoire. L'objectivité scientifique en sciences humaines implique une rigueur méthodologique sans faille dans la mesure où la dimension idéologique, politique et culturelle d'un fait social, historique ou psychosociologique ne laisse pas