Stockholm Syndrome

« Fixer quelqu'un dans les yeux pendant plus de six secondes signifie soit un désir sexuel intense, soit une envie de meurtre irrépressible. »

Enfermée dans une sombre pièce noire, noire, comme les abysses profondes de l'âme de celui qui me scrutait. Je ne savais pas ce que je faisais là. Je me contentait de fixer mon opposant dans les yeux. Son visage était lisse, froid. Je n'y voyais que de la lassitude. Mon regard, on me l'avait souvent dit, était déstabilisant. Toute la haine du monde se reflétait dans mes yeux, braqués tels deux fusils d'un noir profond sur mon adversaire. Mais était-il réellement un ennemi ?

-Combien de temps est ce que tu comptes me fixer comme ça, dis ?

Un silence acerbe lui répondit. Je me demandais pourquoi ils ne m'avaient pas bâillonnée.

-Réponds.
-Enfoiré.
Il eut un rire mauvais.

-Tu as de la répartie dis moi.
-Qu'est ce que tu cherches exactement ?

Rictus malfaisant.

-Un peu d'amusement.

Je baissais la tête.

-Tu sais pourquoi tu es ici, dis ?

Pas de réponse de ma part.

-Parce que ton père, tu vois. Il a la thune qu'il me faut pour sauver ma mère.

Silence.

-Ma mère, elle a le cancer. Les médecins disent qu'elle l'a chopé en travaillant trop longtemps dans les usines de ton père.

Ça y est, ça me revenait maintenant. Mon père m'avait prévenu qu'il risquait de ne plus me revoir pendant un moment. Il m'avait bien donné un spray au poivre, et j'avais commencé les cours de self-défense.

-Seulement les médecins, ils disent qu'il veulent bien la soigner, mais seulement si elle a de quoi payer. Et elle a déjà tout claqué dans l'école privée de son fils. Alors les médecins lui disent au revoir, merci, et surtout, qu'elle devrait commencer à creuser sa tombe, parce que dans quelque mois, le cancer ne lui laissera pas de chance.

Ces cours n'avaient servis à rien, surtout lorsque l'adversaire n'est plus un honnête combattant mais un lâche qui vous attrape par derrière