Bénichou
2. Cet essai de Paul Bénichou s’attache à retracer les divers courants moraux traversant le XVIIème siècle, en explicitant les relations entre conditions sociales et conditions morales, la « dépendance réciproque » entre littérature et société. En effet, dans l’introduction, l’auteur nous fait comprendre que tout œuvre littéraire est ancrée dans son siècle, et que toute idée sur l’homme, qui est le principal sujet des écrivains, du fait que leur soucis est de dépeindre « la vertu humaine, entendue au sens général de valeur, force ou grandeur », dépend des circonstances sociales. Cependant, estimer l’excellence ou la médiocrité de la nature humaine n’engendre pas deux types d’écrivains disctincts, où il y aurait ceux aimant l’humanité, et ce qui la dénigrent ; il y a en fait plusieurs morales, au XVIIème siècle, complexes, opposées ou alliées selon le cas. Cela dit, si l’on simplifie, Bénichou nous dit qu’il faut « au moins distinguer trois centres d’intérêts » : une « morale héroïque, qui ouvre un passage de la nature à la grandeur » (avec un auteur comme Corneille notamment), une « morale chrétienne rigoureuse qui donne au néant la nature humaine tout entière » (Pascal et le jansénisme), et une « morale mondaine à la fois sans illusions et sans