Cadavres de plâtre à pompéi
Un moment fort de l'archéologie campanienne
Les moulages en plâtre du XIXè siècle de Pompéi sont le symbole du passage de l'archéologie de collections à une archéologie scientifique.
En 79 apr. J.-C., Pompéi est recouvert de cendre après l'éruption du Vésuve. On attendra le XVIIIè siècle pour les premières fouilles. Puis, l'attrait pour les traces de l'Antiquité ainsi révélées, dans son caractère personnel et quotidien, se couple à la curiosité pour la catastrophe humaine. Ainsi, face aux squelettes pompéiens et leur traces de vaine fuite contre le cataclysme, les visiteurs ne peuvent que laisser leur imagination retracer les détails.
Pompéi devient à la fois les fouilles par excellence de l'exploration archéologique, mais aussi la découverte du théâtre d'une tragédie. En 1863, Un archéologue napolitain Giuseppe Fioretti (1823-1896) a l'idée de moulage en plâtre pour les squelettes des pompéiens, symbole du dualisme pompéien entre imaginaire et archéologie. Ce procédé met à jour les formes des corps des pompéiens pris au piège, incarnant le progrès vers une archéologie scientifique du XIXè siècle. Cependant, le rendu déstabilise professionnels et visiteurs par son vérisme.
Le 5 février 1863, alors que des ouvriers excavent les cendres d'une ruelle, ils trouvent des anfractuosités comprenant des ossements. Le surintendant aux fouilles, Fiorelli se présente alors sur-le-champs et ordonne d'y couler du plâtre. Aussitôt sec, ils brisent précautionneusement le moule naturel et découvrent les empreintes de corps de trois femmes et un homme au moment de leur mort. Grâce à la presse, vantant cette découverte et son créateur, le monde entier apprend la nouvelle de ces moulages entre archéologie et fiction.
On s'interroge cependant sur la véracité de l'auteur de cette "invention". Si on laisse de côté les jalousies liées à son succès, on peut penser que le pressentiment de Fiorelli n'est que le résultat de recherches préalables.