Candide
Après les essais de Montesquieu et Condorcet, le dialogue d’idées de l’abbé Raynal, c’est au tour de l’ « Aubergiste de l’Europe », Voltaire, d’évoquer, dans le chapitre XIX de son apologue Candide ou l’Optimisme, le triste sort des noirs soumis à la cupidité, l’hypocrisie et la violence de certains européens esclavagistes.
Naïf et influencé par l’enseignement de l’optimiste Pangloss, son précepteur, Candide parcourt le monde au cours d’un voyage qui le mène de l’Europe à l’Amérique du Sud. Le passage proposé ici nous fait voir le personnage éponyme alors qu’il s’apprête à rentrer à Surinam, une ville de l’ancienne Guyane Hollandaise. Aux portes de celle-ci, il fait la rencontre d’un noir qui le confronte alors à la dure réalité de l’esclavage. Il s’agira donc de voir comment Voltaire use de tous les ressorts de l’apologue pour rendre compte d’une triste réalité de son siècle en étudiant tant le caractère dramatique de ce récit que le rôle des deux personnages principaux de cet extrait que la triple dénonciation effectuée ici.
Voltaire donne à son texte un véritable caractère dramatique qui naît, on le verra, et de sa structure particulière et de la rencontre entre le groupe mené par Candide et le noir.
Le passage proposé connaît une construction assez complexe puisqu’il donne à voir des passages narratifs (lignes 1 à 4 et 26-27), deux dialogues (entre le noir et Candide lignes 4 à 13 mais aussi entre Candide et Cacambo