Capitulation
On sait aujourd'hui comment et quand "normalement"la guerre japonaise aurait dû se terminer. Le commandement américain calculait qu'il avait encore devant lui une force redoutable : deux millions et demi de soldats qui n'avaient pas encore combattu. Certes, l'issue de la lutte ne faisait aucun doute. La première vague américaine serait forte de huit cent mille assaillants. Elle s'appuierait sur une armée comptant au total sept millions d'hommes, disaient les chiffres officiels.
L'Amérique jetterait dans la bataille une magnifique aviation de onze mille appareils, et une flotte d'une puissance jamais vue, comprenant, entre autres, vingt porte-avions géants, vingt-trois cuirassés et deux cent cinquante sous-marins.
Mais battre les restes de l'armée impériale n'irait pas sans peine ni délai, calculaient les états-majors. L'infanterie, qui attendait à terre les envahisseurs, était animée de la même résolution suicidaire que les Kamikaze, précédemment sacrifiés au-dessus des flots. Frappé directement le Japon au cœur paraissait une tâche impossible. Les plans d'opérations prévoyaient une stratégie plus prudente, qui procéderait en deux grands phases : d'abord un débarquement tout au sud du Japon, dans l'île de Kyushu, où l'on installerait une puissante tête de pont puis, plusieurs mois après, un débarquement sur les plages proches de Tokyo et, alors seulement, une attaque frontale et finale.
Calendrier de ces opérations : la première à l'automne 1945, la seconde au printemps 1946. On n'en finirait pas avant l'été de cette année-là.
Les généraux américains auraient été