Depuis les années 30, années dites "folles" qui ont vu en particulier les premiers mouvements de libération de la femme et notamment la naissance d'un certain tabagisme mondain, le briquet a toujours détenu une place importante dans la panoplie des objets à fort statut social. Il est devenu un produit de luxe dont la possession tient en partie du “spectacle social”. Il y a trente ans encore, le possesseur d'un briquet, comme d'un certain nombre d'objets bien codifiés (étui à cigarettes, gros cigare, montre en or, ... sans oublier l'Automobile !) était celui qui détenait le pouvoir et l'argent. Le pouvoir et l'avoir financier, bien sûr, économique et social, le plus souvent, mais aussi parfois culturel. L'univers du briquet dépassait donc le simple objet plus pratique, plus efficace et plus esthétique qu'une boîte d'allumettes, pour s'étendre à un symbole et constituer un mode de consommation ostentatoire.

Mais au cours des années, le pouvoir a changé de mains. Le pouvoir économique et social s'est dépersonnalisé ; il appartient maintenant à des groupes souvent multinationaux. L'avoir culturel n'est plus lié à l'avoir financier. Le briquet a commencé à se banaliser en devenant jetable, donc très bon marché. Puis il est devenu pour certains le symbole du tabagisme, montré du doigt par les campagnes anti-tabacs. Si bien qu'aujourd'hui il a perdu de sa signification: les briquets de luxe restent des objets convoités par ceux qui ont de l'argent, mais il ne représentent plus que le symbole d'une réussite financière. L'avoir financier des années 70/80 qui était perçu comme naturel, devient maintenant une source de contestation car souvent il n'est plus le corollaire de l'avoir culturel et de l'avoir social.

2. Présentation et historique de la société

2.1 le briquet ZIP

De retour de la "Grande Guerre" en 1918, Gustave Godignon crée avec son père une petite fabrique artisanale de briquets dans sa ville natale en Lorraine. C'est en effet pendant