Castelnaux, bastides et sauvetés : dynamique de l’habitat en sud-ouest aquitain, xiie xive siècles
I. Le castelnau, un type d’habitat fortifié de Gascogne
1. Un village, une place forte
Les documents montrent trois plans de castelnaux, villages situés tous trois dans une même zone géographique. Castelnau-Tursan et Castelnau d’Anglès se situent tous deux dans le département des Landes, Corneillan se trouve dans le Gers : tous trois sont regroupés dans un rayon d’une cinquantaine de kilomètres. Nous sommes ici en territoire de Gascogne, ce qui nous amène directement à évoquer l’étymologie de castelnau, ou castet-nau, mots gascons découlant de castrum novum, ou castellum novum. Le toponyme « Châteauneuf » que nous retrouvons fréquemment dans d’autres régions, en Savoie par exemple, pourrait être un équivalent français. Cependant, le castelnau n’est pas un château isolé : il s’agit plutôt, selon la définition précise de B. Cursente, d’un « ensemble organique château-enceinte peuplée subordonnée ». Ces ensembles sont de taille modeste : sur les documents, on observe que le nombre des constructions est peu important. Si la morphologie du terrain (les castelnaux sont très souvent implantés sur des reliefs dominants, pour d’évidentes raisons défensives) pouvait limiter l’implantation des constructions dans le cas de Corneillan et de Castelnau-Tursan, Castelnau d’Anglès ne semble pas plus développé. Le castelnau n’est pas comparable à une ville fortifiée, abritée derrière des remparts. Si l’exemple de Larresingle, dans le Gers, montre qu’il peut prendre la forme d’un village entouré d’une solide enceinte de pierre dotée de tours la fortification d’un castelnau se limite généralement à un rempart de bois, associé à une levée de terre et/ou un fossé. Il s’agit donc d’ouvrages ruraux, regroupant une modeste population rurale et militaire (de 60 à 200 habitants) derrière un ouvrage défensif.
Si elle n’est pas toujours exactement la même, l’organisation du castelnau