Ce que c'est la mort
Victor Hugo
Victor Hugo est né à Besançon en 1802. Tout en suivant des études de philosophie et de mathématique au lycée Louis-le-Grand, il s'adonne à la poésie. Il obtient ses premiers succès avec les Odes et poésie diverses (1822) et s'impose comme chef de file du mouvement romantique après l'ardante « bataille ».
Léopoldine Cécile Marie-Pierre Catherine Hugo, née le 28 août 1824 à Paris et morte le 4 septembre 1843 à Villequier, est la fille du romancier, poète et dramaturge Victor Hugo. Les morts prématurées et tragiques de sa fille et de son gendre auront une très grande influence sur l’œuvre et la personnalité de Victor Hugo. L’écrivain n'apprendra la mort de sa fille que 4 jours plus tard dans la presse. Il ne pourra venir sur sa tombe qu'en septembre 1846 et consacrera à la mémoire de sa fille de nombreux poèmes.
Ce que c'est la mort. de Victor Hugo
Ne dites pas : mourir ; dites : naître. Croyez.
On voit ce que je vois et ce que vous voyez ;
On est l’homme mauvais que je suis, que vous êtes ;
On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fêtes ;
On tâche d’oublier le bas, la fin, l’écueil,
La sombre égalité du mal et du cercueil ;
Quoique le plus petit vaille le plus prospère ;
Car tous les hommes sont les fils du même père ;
Ils sont la même larme et sortent du même œil.
On vit, usant ses jours à se remplir d’orgueil ;
On marche, on court, on rêve, on souffre, on penche, on tombe,
On monte. Quelle est donc cette aube ? C’est la tombe.
Où suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnu
Vous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu,
Impur, hideux, noué des mille nœuds funèbres
De ses torts, de ses maux honteux, de ses ténèbres ;
Et soudain on entend quelqu’un dans l’infini
Qui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est béni,
Sans voir la main d’où tombe à