Cendrars
Le labyrinthe des métaphores simoniennes de la conception
DEMAILLY André andrel.demailly@wanadoo.fr Résumé :
Les métaphores occupent une place capitale dans la pensée de H.A. Simon. D’une part, il les met au cœur des processus de rétroduction qu’il considère comme la voie royale de la connaissance (de préférence aux démarches inductive ou hypothético-déductive) : se représenter et modéliser ce qui est peu connu en se référant à ce qui l’est davantage. D’autre part, il fait de leur recherche et de leur évocation l’une des tâches essentielles de la mémoire. Parmi elles, celle du labyrinthe est sans doute la plus centrale. En s’inspirant d’elle pour retracer les cheminements métaphoriques de Simon, on reconstitue en fait l’évolution de ses idées quant aux sciences de conception, tant dans le domaine de l’artificiel que du naturel. Un premier groupe de métaphores a trait aux limites de la rationalité : l’environnement ne se donne et ne se découvre que peu à peu à tout individu, de même que celui-ci ne dispose que de ressources cognitives limitées pour le traiter. Ce qui n’empêche pas cet individu de s’en tirer fort bien avec les moyens du bord. D’un côté, l’environnement se présente comme un labyrinthe (1956) que l’on parcourt en faisant des choix satisfaisants et non optimaux (en gardant parfois la nostalgie de ceux que l’on n’a pas opérés, le désir de savoir où ils auraient mené et l’envie de raconter des histoires sur leur issue, 1991). De l’autre, la complexité de nos comportements est plus le fait de la complexité de cet environnement que de nos processus cognitifs (métaphore du cheminement de la fourmi en fonction des courbes de niveau du terrain, 1969). Un deuxième groupe a trait à la mémoire. Celle-ci est présentée comme une vaste bibliothèque de connaissances acquises (par