Chansons déconseillées
Introduction
« Pourvu que je ne parle en mes écrits, ni de l’autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédits, ni de l’opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement sous l’inspection de deux ou trois censeurs. »
Ainsi débute le spectacle Chanson déconseillées, proposé pour la première fois au Studio-Théâtre de la Comédie Française le 15 septembre 2011 ; ce cabaret, que nous utiliserons comme source principale tout au long de notre travail, a pour but de présenter au public un corpus de chansons (toutes réarrangées par Pascal Sangla en vue de cette occasion) qui, à un moment ou à un autre, « ont été frappées d’une décision de diffusion restreinte », ce qui équivaut à dire qu’elles ont été censurées. Mais qu’est-ce qu’exactement la censure ? Et comment la pratique de cette dernière se positionne-t-elle vis-à-vis du principe de liberté d’expression ? Une première réponse, bien que de nature explicitement satirique, se trouve dans la citation que nous avons proposée au début de notre travail (tirée du Monologue de Figaro faisant partie de Le mariage de Figaro écrit par Beaumarchais en 1778 ) ; en effet, mis à part son aspect provocateur, cet énoncé résume bien le fonctionnement de base de la censure, c’est-à-dire la mise en place de la part du détenteur du pouvoir (en ce cas l’état) d’un système de surveillance, au sein duquel des « spécialistes », les censeurs, ont pour tâche première celle d’examiner tout matériel destiné à l’exposition publique (œuvres littéraires, musicales, cinématographiques,…), et d’en assurer la « bienséance » avant la publication. Il existe bien entendu des « thèmes chaud » qui, parmi les autres, sont plus souvent sujets à la censure, comme par exemple la religion, la critique morale, sociale et politique, la mise en cause du pouvoir, la sexualité, etc. Mais que dit la loi à ce propos ?
En ce qui