Chapitre 5 strategor
En matière de stratégie d’entreprise, la question de la diversification, c’est-à-dire celle du développement de l’entreprise dans des domaines autres que son métier de base, est probablement celle qui a donné lieu au plus grand nombre de controverses, que ce soit parmi les chercheurs, les enseignants, les cadres dirigeants, les investisseurs, les analystes financiers, etc. La pensée des uns et des autres sur le sujet a du reste considérablement évolué au cours du temps. Vue comme la panacée aux problèmes de croissance des entreprises dans les années 1970, la diversification a été vouée aux gémonies par les investisseurs et les analystes financiers dans les années 1990, avant d’être prudemment et partiellement réhabilitée comme un moyen somme toute légitime de croître dans certains contextes économiques bien particuliers, notamment lorsque les marchés des capitaux et des compétences ont du mal à fonctionner de manière efficiente et liquide. Ainsi par exemple en Inde, seuls les grands groupes industriels détiennent l’essentiel des moyens financiers et humains nécessaires au lancement d’une nouvelle activité, et ces moyens sont très difficiles à trouver sur le marché. C’est donc au sein des grandes entreprises que les nouvelles activités ont tendance à se créer, et c’est là qu’elles ont le plus de chances de survivre et de se développer, réconciliant par là même diversification et performance. Quels que soient les mouvements de balancier qui caractérisent la pensée sur la diversification, si l’on considère la réalité des entreprises sur le long terme et hors de toute idéologie, force est de constater que, partout dans le monde, depuis plusieurs décennies, des entreprises très connues, et unanimement reconnues comme performantes, sont restées insensibles aux variations de la mode et du contexte, comme si elles étaient tout autant sourdes aux panégyriques du recentrage qu’aux apologies de la diversification. Ces