Charles cros
Passionné de littérature et de sciences, il fut un temps, de 1860 à 1863, professeur de chimie à l'Institut parisien des Sourds-Muets, avant de se consacrer à la recherche scientifique. En 1869, il présenta à la Société française de photographie un procédé de photographie en couleurs qui est à l'origine du procédé actuel de trichromie. Il étudia également des améliorations à la technologie du télégraphe : il avait présenté à l'Exposition de 1867 un prototype de télégraphe automatique
Son œuvre de poète, brillante également (une des sources d'inspiration du surréalisme, et depuis rééditée en Pléiade) a été ignorée par son époque tout autant. Il le résume amèrement dans ce poème caractéristique :
Je sais faire des vers perpétuels. Les hommes
Sont ravis à ma voix qui dit la vérité.
La suprême raison dont j’ai fier, hérité
Ne se payerait pas avec toutes les sommes. J’ai tout touché : le feu, les femmes et les pommes ;
J’ai tout senti : l’hiver, le printemps et l’été ;
J’ai tout trouvé, nul mur ne m’ayant arrêté.
Mais Chance, dis-moi donc de quel nom tu te nommes ? Je me distrais à voir à travers les carreaux
Des boutiques, les gants, les truffes et les chèques
Où le bonheur est un suivi de six zéros. Je m’étonne, valant bien les rois, les évêques,
Les colonels et les receveurs généraux
De n’avoir pas de l’eau, du soleil, des pastèques.
Il publia ses premiers poèmes dans le Parnasse contemporain et fréquenta les cercles et cafés littéraires de la bohème de l'époque (Cercle des poètes Zutistes — qu'il avait créé —, Vilains Bonshommes, Hydropathes), ainsi que le salon de Nina de Villard qui fut sa maîtresse jusqu'en 1877. Mais s'il était connu, en vérité, c'était pour ses monologues, dont le plus connu est Le Hareng saur, qu'il récitait lui-même dans des cabarets parisiens