Chretien de troyes
a) Chrétien de Troyes et le roman courtois : un nouveau modèle littéraire du Moyen Age
- L’héritage de la poésie lyrique de troubadours
L’influence de la poésie lyrique occitane apparaît dans l’oeuvre de Chrétien de bien des manières. Elle est d’abord authentifiée par deux chansons : Amors tençon et bataille et D’Amors, qui m’a tolu a moi, p. 1216 à 1221. Ces deux chansons transposent en langue d’oïl la thématique de la « fin’amor » et les structures formelles de la « canso » des troubadours d’oc. Ces deux textes sont les plus anciens témoignages du lyrisme courtois en langue d’oïl, qui s’épanouit en Champagne, autour de la comtesse Marie, fille d’Aliénor d’Aquitaine et épouse de Henri de Champagne. C’est d’ailleurs à elle que Chrétien dédicace le prologue du Chevalier de la Charrette. Chrétien de Troyes fait ainsi la transition entre la lyrique d’oc contemporaine et les poètes liés à la cour de Champagne. Il ne faut pas oublier, pour comprendre cette influence occitane, que Marie de Champagne était la fille d’Aliénor d’Aquitaine et de Louis VII, roi de France. Elle descendait donc par sa mère de Guillaume IX, duc d’Aquitaine, premier troubadour, et on peut penser qu’elle est restée, comme Aliénor, en contact avec la littérature courtoise occitane. Chrétien est ainsi un vecteur de propagation et de transformation de l’éthique courtoise développée par les troubadours, qu’il intègre à la codification courtoise de l’amour dans ses récits.
Cependant, l’influence du lyrisme occitan chez Chrétien de Troyes se manifeste avec plus d’ampleur et surtout plus d’originalité dans ses romans. - La poésie au service du roman
- Une nouvelle écriture poétique
Les romans de Chrétien sont écrits en vers. Ce n’est pas nouveau en soi : les chansons de geste l’étaient également. Mais Chrétien invente une nouvelle forme de versification. Il ne s’agit plus de la laisse (construite autour d’une seule rime) et