Circonstances de profération du conte chez les agni indennié
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INTRODUCTION Contrairement aux sociétés indo-européennes, la transmission du savoir en Afrique traditionnelle reste encore fondamentalement attachée à l’oralité. C’est, outre toute autre considération, que la nature même des genres appartenant à la tradition orale, leur manière d’être narrés, l’exige. Ces genres, tels l’Épopée, le Chant, le Conte, le Proverbe, pour qu’ils soient porteurs en tant que messages, nécessitent tout un ensemble de prédispositions qui vont bien au-delà de la simple graphie ou de la simple parole. Et cela se vérifie davantage lorsqu’il s’agit de genres essentiellement narratifs tels que le Conte. Ici, la transmission ne consiste pas seulement en une simple relation de faits par un émetteur. Le conte a besoin pour s’exprimer d’une véritable création de la part du narrateur pour recomposer des classiques de sa communauté afin de les rendre attrayants ; la présence d’un auditoire actif, des agents rythmiques et des conditions spatio-temporelles précises. Se pose ici donc le problème des chemins et modalités de transfert du savoir dans l’Afrique traditionnelle. Nous avons choisi d’étudier le cas du Conte chez les Agni Indénié. Quels sont donc les canaux et modalités du transfert du Conte chez ce peuple ? Comment le conte y est-il raconté ? Quelles y sont les circonstances de sa profération? Nous répondrons à ces préoccupations en rappelant tout d’abord la typologie du conte africain avant de véritablement nous intéresser à la spécificité du conte chez les Agni Indénié, notamment en ce qui concerne les canaux et modalités de sa transmission.
I- TYPOLOGIE DU CONTE AFRICAIN
I.1- Présentation Dans les sociétés traditionnelles africaines, le Conte est un miroir de la société ; il constitue l’un des outils fondamentaux permettant la transmission du savoir car étant le reflet des croyances, coutumes et traditions. C’est par son biais que la société africaine se reconnait et garde ses repères : «