Citoyenneté et civilité
Premièrement, la question sociale vive de l'heure, les incivilités et la délinquance avec le sentiment d'insécurité qu'elles engendrent, est souvent reliée dans l'opinion publique avec ce qui serait une "crise civique", à laquelle on propose souvent comme remède un renforcement de "l'éducation civique" à l'Ecole, faisant implicitement l'hypothèse que la source de tous ces mots serait l'affaiblissement des instances de socialisation.
Mais on a répondu d'abord qu'il ne fallait pas confondre les deux notions de civilité et de citoyenneté, même si elles entretiennent des liens, la première étant une condition nécessaire de la seconde; ensuite, qu'il fallait aussi examiner attentivement cette "crise de la citoyenneté" qui apparaît bien ambiguë, et qu'il faut donc nuancer :
Certains, au vu de l'abstentionisme ou de l'extrémisme, ainsi que des "incivilités", diagnostiquent une crise du civisme marquée par un manque d'attachement des citoyens à leurs devoirs civiques et aux valeurs démocratiques. On a montré qu'il fallait plutôt y voir une crise de la représentation, une défiance des citoyens dans le personnel politique et qui les conduit à adapter en conséquence leurs comportements.
D'ailleurs, au même moment, pour les associations citoyennes, la crise de la citoyenneté est plutôt celle d'une carence des autorités politiques dans leur souci de reconnaître et de garantir tous leurs droits aux citoyens, remettant en cause par là le sentiment d'intégration de ces derniers. Ainsi, cette dénonciation réaffirme paradoxalement le fort attachement de ces militants associatifs à la citoyenneté, qu'on retrouve aussi chez les jeunes