civisme
Enjeux pour l’école publique aujourd’hui1
par
GEORGES LEROUX
Département de philosophie, UQAM
Le constat porté sur le civisme et l’incivilité dans l’école est aussi ancien que l’école elle-même. Platon se plaignait déjà du manque de discipline et une partie importante de la pédagogie traditionnelle s’est construite sur la nécessité de « tenir la classe ». On peut cependant suggérer que les petites turbulences d’autrefois sont sans commune mesure avec celles d’aujourd’hui, alors que cette problématique s’est transportée dans toute la sphère scolaire : cour de l’école avec les phénomènes maintenant bien connus du taxage et de l’intidimidation, problèmes de discrimination envers les minorités ou entre elles, violence à l’égard des enseignants. Nous disposons de descriptions assez précises de ces phénomènes, mais l’interprétation demeure encore complexe : que signifie, en effet, dans notre société, l’extension croissante de cette violence informe, qui va de choses minuscules comme l’impolitesse ou le manque de courtoisie et la grossièreté à des choses plus graves comme la violence verbale ou physique ? C’est ce problème que je voudrais tenter de clarifier, non pas pour présenter un nouvel exposé des faits, car je n’ai pas de recherche récente à vous proposer et la littérature sur le sujet est déjà très abondante, mais pour tenter d’y réfléchir : la question pour moi concerne l’autorité, et elle nous reconduit au problème plus profond du respect des modèles de la vie en société.
La problématique de l'autorité dans l'éducation a connu ces dernières années des transformations très profondes : acceptée autrefois comme une nécessité naturelle de la situation pédagogique, elle a reflué au point de s'identifier aux seules
Georges Leroux
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figures de la contrainte et de la coercition. Une autorité, pense-t-on communément, c’est d’abord un pouvoir de punir, une forme de contrôle. Ces figures sont devenues