Clameur des tenebres
Roman de 474 pages
Une petite île imaginaire, sorte de frêle monde perdu quelque part au sud de l'Inde, est fracturée entre le Nord prospère et le Sud mis à feu et à sang par des groupes rebelles, est secouée par une guerre civile larvée, incompréhensible, l'un de ces conflits dont on ne sait même plus l'origine et qui secouent le monde, aujourd'hui plus que jamais, s'effondre dans le sang. Y vit Arun, le narrateur, jeune homme de famille riche qui appartient aux 2 % des privilégiés de l'île. Orphelin dont les parents sont tous les deux morts dans un attentat, il est aussi, en raison d'une malformation de naissance, un infirme qui porte une prothèse à la jambe. Naïf et idéaliste, à vingt et un ans, il n'a pas choisi la voie la plus facile, celle, toute tracée par son père et son grand-père, qui ont fait des affaires d'or dans l'imprimerie. Influencé par un de ses anciens professeurs, personnage flamboyant et controversé, il s’est détourné de l'entreprise familiale dont le chiffre d'affaires lui aurait assuré une « dolce vita », et est devenu instituteur et a accepté un poste dans le Sud. Dans le train qui l’y emmène, il côtoie un militaire qui lui dit qu’il lui faut choisir son camp, alors que, s'intéressant peu à la politique, il a une idée assez vague de l'instabilité de son pays, ne se doute pas de l'ampleur du drame qui s'y joue.
Quand il débarque dans le petit village d'Omeara, au coeur d’une région pauvre et quasi sauvage, il découvre une population pauvre et illettrée, terrorisée, prise entre l'armée et les insurgés qui combattent pour libérer leur territoire. Alors qu’au nord, le silence de l'île n’est coupé que par le bruissement du vent et de la mer, ici la nuit n'est jamais tout à fait silencieuse : il entend des coups de fusils, de violentes explosions, les crépitements de mitrailleuses, des hurlements saccadés, qui lui font constater qu’y couve cette guerre civile dont il n'avait que vaguement entendu parler.