Cléon
Le caractère de Cléon ne nous est connu que par Thucydide, qu'il fit exiler, et qui le présente comme « le plus violent des citoyens et fort écouté du peuple2 » ; il est surtout raillé par Aristophane3, qu'il avait poursuivi en justice et qui lui était violemment hostile d'abord parce que Cléon, un des meneurs du parti populaire, était un fanatique. Il est présenté dans Les Cavaliers comme un parvenu sans éducation, violent et vantard, à travers le personnage d'un esclave tanneur nommé Paphlagon, « une espèce de génie dans le domaine de la fourberie et de la calomnie »4, qui à force d'hypocrisie, exploite le peuple athénien.
Politiquement Cléon est représentatif d'une nouvelle génération d'hommes politiques athéniens issus de milieux populaires, ce qu'il revendique avec fierté, et éloignés des grandes familles qui jusque-là dominaient la vie publique athénienne. Cette nouvelle génération cherche à s'imposer comme héritière de la politique de Périclès et développe pour cela une politique jusqu'au-boutiste ; mais la politique intérieure de Cléon ne lui permettait pas de réaliser ses vastes desseins expansionnistes : il augmenta le salaire des dicastes de deux à trois oboles à un moment où le nombre d'Athéniens sans ressources ne cessait de croître du fait de la guerre, ce qui fut perçu comme une décision d'assistance aux plus pauvres5. La forte augmentation du phoros, tribut que devaient payer les alliés, est probablement à mettre aussi