Coco
Un goujat de quinze ans, nommé Isidore Duval, surnommé Zidore, prend soin de la bête, lui donnait, la nourrit et, quatre fois par jour, en été, la déplace dans la côte où on l'attache, afin qu'elle ait en abondance de l'herbe fraîche.
Quand Zidore le mène à l'herbe, il lui faut tirer sur la corde, tant la vieille rosse se déplace avec peine. Les gens de la ferme, voyant la colère du goujat contre Coco, s'en amusent, ce qui exaspère le gamin. Ses camarades le plaisantent à ce propos. On l'appelle bientôt Coco-Zidore dans tout le village. Le gars rage et sent naître en lui le désir de se venger du cheval. Depuis longtemps déjà, il s'étonne qu'on garde Coco, s'indigne de voir perdre du bien pour cette bête inutile. Du moment qu'elle ne travaille plus, il lui semble injuste de la nourrir.
À l'été, il lui faut encore aller remuer la bête dans sa côte. Plus furieux chaque matin, Zidore se met à torturer l'animal en lui cinglant le corps. Par une nuit chaude, on laisse Coco coucher dehors, au bord de la ravine, derriêre le bois. Zidore s'amuse encore à lui jeter des cailloux tranchants au bidet.
Mais toujours cette pensée restait plantée dans l'esprit du goujat: "Pourquoi nourrir ce cheval qui ne faisait plus rien?" Alors, peu à peu, chaque jour, le gars diminue la bande de pâturage qu'il donne au cheval, en avançant le piquet de bois où est fixée la corde.
La bête dépérit, tend en vain la tête vers la grande herbe verte et luisante, si proche, et dont l'odeur lui vient sans qu'elle y puisse toucher.
Un matin, Zidore omet de remuer la bête, il en a assez d'aller si loin pour cette carcasse. Il fait mine de la changer de place, mais il renfonce le piquet juste dans le même trou, et il s'en va, enchanté de son invention.
Le cheval, le voyant partir,