Com complémentére
Ancien professeur à l'Université Paris 1 (Panthéon-Sorbonne)
Résumé : On doit à la théorie systémique de la communication, élaborée par l'école de Palo Alto dans les années 60/70, d'avoir rompu avec le modèle dit de l'information où seul comptait le contenu du message, pour prendre en compte les enseignements de l'anthropologie relatifs à l'économie du don et à l'échange symbolique (mis en évidence par Marcel Mauss). La nouvelle théorie met en exergue, dans tout échange humain, la primauté de la relation sur le message. Et communiquer sur la relation passe d'abord par des formes non-verbales (gestes, mimiques et surtout actes) que l'on désigne par le terme de communication analogique. Les formes verbales – ou communication digitale – bien adaptées à la transmission du contenu d'un message (l'information) sont relativement pauvres pour communiquer sur la relation. Mais si l'école de Palo Alto resitue, en la minorant, l'importance de la communication digitale dans le processus global de la communication, il n'en demeure pas moins que celle-ci joue un rôle essentiel dans l'histoire de l'humanité, en particulier à partir du moment où grâce à l'invention de l'écriture vont apparaître les grandes civilisations. Peut-on alors construire une approche systémique de la communication digitale? Les réponses proposées par les différentes sciences du langage, en particulier la linguistique, bien qu'intéressantes s'avèrent au final réductrices et insuffisantes. Elles évacuent une dimension incontournable de cette forme de communication: l'interprétation du message en référence à l'univers de symboles et de représentations qui structure l'environnement culturel des locuteurs. Ce problème de l'interprétation, ou herméneutique, qui présuppose l'existence d'un univers symbolique est au cœur de la réflexion de H.G. Gadamer et de P. Ricœur. Contrairement à une vision purement individualiste du comportement de l'acteur, supposé