Comment les mécanismes de marché pourrissent le climat? ( daniel tanuro )
Daniel Tanuro, à paraître dans Contretemps, janvier 2008
Les équilibres écologiques peuvent-ils être rétablis sans sortir des mécanismes de marché ? Les thuriféraires du capitalisme veulent y croire et citent des exemples d’application réussie de leurs recettes libérales, notamment aux Etats-Unis. A les entendre, l’octroi de « droits de polluer » échangeables sur le marché mondial permettrait même de relever sans douleur le grand défi de ce siècle - le changement climatique. Dans les associations environnementales, on compte sur les doigts d’une main celles et ceux qui contestent fondamentalement cette stratégie. Le contexte idéologique tend plutôt à favoriser les courants qui, au nom du réalisme et de l’urgence, misent sur l’émergence d’un « capitalisme vert ». Lorsqu’on prend la peine d’examiner les expériences concrètes, c’est pourtant dans l’autre sens que pointent les conclusions : les mécanismes de marché sont non seulement socialement injustes, mais aussi écologiquement moins efficaces que les mesures de contingentement, et ce pour des raisons structurelles qui tiennent à la nature même de la marchandise.
Deux types de mécanismes de marché peuvent être mis en oeuvre dans le cadre d’une politique environnementale : les écotaxes et le commerce de droits d’émission contingentés. Les deux systèmes font intervenir la notion d’externalité, autrement dit la nuisance environnementale dont le coût pour la collectivité n’est pas pris en compte par les propriétaires de moyens de production. Les deux systèmes impliquent aussi que l’Etat fixe les règles du jeu. Dans le cas de la taxe, l’Etat détermine le coût de l’externalité et le résultat environnemental dépend du comportement des acteurs économiques (ils peuvent choisir de payer la taxe plutôt que d’investir pour réduire les émissions). Dans le cas de l’échange de droits d’émissions, c’est le contraire : l’Etat fixe les plafonds d’émission, distribue les