Louis Aragon, poète surréaliste, évoque dans le recueil Les yeux d’Elsa tout son amour pour cette femme mais aussi son amour pour la France. Paru en 1942, le recueil a pour thème aussi bien l’amour que la guerre. Engagé dans la Résistance, Aragon fait alors de sa poésie une arme pour lutter, pour exprimer son patriotisme.
On peut se demander comment, grâce à de nombreuses images médiévales et à la musicalité de son poème, Aragon parvient-il à faire une émouvante déploration de la France des années 1940 ?
De là, nous analyserons dans un premier temps le poids des images médiévales, puis nous étudierons ensuite comment la personnification de la France et la musicalité du poème suscitent la compassion du lecteur.

*Les vers de ce poème sont des octosyllabes en rimes suivies, avec une rime unique en « Cé », annoncée dès le premier vers par la ville de « Cé », jeu avec la lettre de l’alphabet qui est titre du poème. Celui-ci est simple et structuré, il est composé de 9 distiques. Ainsi, le poème adopte la forme du lai, illustrant la volonté d’Aragon d’imiter les poésies du Moyen Âge. Les références à cette époque sont très présentes dans le poème, mais on se rend vite compte que ce ne sont que des allusions cachées à la France des années 1940. En effet, l’utilisation des termes « gloires faussées », « chevalier blessé » et « duc insensé » n’est qu’une manière détournée de parler de la capitulation de la France, de la souffrance des soldats et du pouvoir escroc d’Hitler. Egalement, Le « pont », qui a pour fonction de rejoindre deux opposés, est une manière symbolique d’évoquer la France libre face à la France occupée, la Résistance face à la collaboration, les deux côtés du pont qui divisent la France durant cette période. De plus, le vers « Le long lai des gloires faussées » symbolise l’interminable combat qui a finalement conduit à la débâcle de l’armée française, ce qui a retiré toute forme de gloire à la France. L’emploi des images médiévales se fait donc