La littérature allemande du Moyen-Âge au romantisme Roland Edighoffer Professeur émérite de l'université Paris III L'Allemagne des Hohenstaufen voit l'éclosion d'une première littérature allemande, aristocratique, courtoise et chevaleresque dont les Minnesänger – trouvères germaniques – rassemblés lors de festivités de la Wartburg, furent les brillants auteurs. À fin du XIIIe siècle débute, avec Maître Eckart, puis Suso et Tauler, le temps des philosophes. Leur fulgurante métaphysique devait profondément inspirer Martin Luther. En traduisant la Bible, le Réformateur fit aussi œuvre littéraire, tant sa langue possède puissance, grandeur et qualité poétique. Gais lurons et incorrigibles sentimentaux, patriotes mais révoltés contre les contraintes de la société, les écrivains du Sturm und Drang, opposèrent au rationalisme du siècles des Lumières la dynamique du « génie » et de la sensibilité. Si le jeune Gœthe fit partie de ses écrivains les plus célèbres, son évolution personnelle, liée à l'histoire de la cour de Weimar, lui permit plus tard de repenser un « classicisme » allemand, influencé par l'Italie et la Grèce. Quant à notre conception du romantisme allemand, elle s'est longtemps limitée à une poésie du clair de lune et à des ruines envahies par la végétation. Celui-ci dépasse néanmoins de beaucoup cet aspect, tout comme il serait réducteur de le comparer au romantisme français, littérature de confession et de pédagogie sociale. LE MOYEN ÂGE C'est au cours du XIIIe siècle que la littérature allemande a connu son premier épanouissement. La dynastie des Hohenstaufen, dont le plus célèbre représentant fut Frédéric Barberousse, donna un éclat tout particulier à la culture médiévale. C'est la grande époque des chevaliers, des troubadours, des bâtisseurs de cathédrales qui font surgir sur les bords du Rhin et jusqu'à Ulm et Augsbourg des églises aux proportions harmonieuses. C'est aussi le moment où se dégagent les trois principaux genres littéraires qui fleuriront