COMMENTAIRE COMPOSE : FLAUBERT, L’EDUCATION SENTIMENTALE, Extrait du § 5
Le mouvement du texte suit tantôt le regard tantôt les allées et venues de Frédéric. Ainsi, après la phrase introductive : «Alors commencèrent trois mois d’ennui. » suivie de l’indication de son état d’âme empli de tristesse et de désoeuvrement, un long paragraphe nous présente d’une manière exhaustive les monuments parisiens qui apparaissent dans le champ de vision de Frédéric « du haut de son balcon ». Le regard du jeune homme semble d’abord accroché par le décor morne et gris des quais s’étendant sur sa gauche, offrant ici une description fouillée, précise et non dénuée d’une certaine poésie. Ainsi, à titre d’exemple cette phrase jouant sur les nuances de gris et sur une métaphore : « la rivière qui coulait entre les quais grisâtres, noircis de place en place par la bavure des égouts ». Mais Frédéric s’en lasse vite : « ses yeux délaissant à gauche le pont de pierre de Notre Dame … ». A partir de cet instant le texte offre plutôt qu’une description détaillée, une longue liste des lieux et monuments parisiens qui se dressent et que balaie Frédéric d’un regard circulaire. Son esprit est en fait obsédé par l’absence de son aimée : « C’était par derrière, de ce côté-là, que devait être la maison de Mme Arnoux ». L’énumération des lieux est si complète que l’on pourrait aisément les localiser sur une carte. Nous suivons alors Frédéric de retour dans sa chambre où il ne reste pas bien longtemps. Un