Commentaire composé du sonnet 7, « on voit mourir toute chose animée » in sonnets (1555) de louise labé
[Annonce de la problématique] De manière originale sinon inédite, le sujet lyrique des Sonnets est une femme, et c’est un homme qui devient l’objet du désir amoureux. Dans le sonnet 7, cette femme présente une requête à l’être aimé. Que lui reste-t-il dans cette situation de son statut de souveraine ?
Nous verrons dans un premier temps comment le discours féminin semble inverser radicalement le rapport de domination. Nous intéresserons ensuite au double langage de ce poème, qui nous invite à relire l’infériorité proclamée de la femme comme une stratégie de séduction.
[I. UNE INVERSION DU RAPPORT DE DOMINATION]
[1.1. La métaphore du corps et de l’âme pour dire cette inversion]
Le sonnet 7 s’ouvre sur une métaphore assimilant le sujet lyrique à un corps et l’être aimé à une âme. Au vers 3, cette âme est désignée par la périphrase méliorative, « la meilleure part », qui annonce la supériorité de l’élément spirituel sur l’élément matériel, et donc de l’homme sur la femme. Quelle est la nature de cette supériorité ?
Les poètes de la Renaissance étant nourris de néoplatonisme, il peut être intéressant, pour répondre à cette question, de relire quelques pages de Platon. Dans le Premier Alcibiade, Socrate établit que « l’âme se sert du corps », et qu’ « elle s’en sert en le commandant » (§130). L’expression « meilleure part » dans