Commentaire composé : les deux coqs
Introduction :
Il est intéressant de noter en effet que toute la fable repose sur un principe d’inversion : La Fontaine mélange volontairement le monde humain et le monde animal, la grandeur épique et le trivial, et en cela, la fable suit assez volontairement la tradition du genre avec néanmoins certaines inventions.
A. Entre l’homme et l’animal
Ce procédé se trouve dans la majorité des fables du recueil. Il n’est pas étonnant de le rencontrer ici :
1. Le bestiaire
Les personnages de la fable sont tous des volatiles : deux coqs, une poule, un vautour. Ils conservent leurs attributs d’animaux : la « crête », le « plumage », le « bec », les « flancs », le « caquet » (suites de gloussements et de petits bruits émis par la poule après la ponte), « l’ongle du Vautour » … On entend même les ailes du coq qui « battait l’air ». C’est tous les membres de cette « gent qui porte crête », admirable périphrase pour désigner les habitants de cette basse-cour, qui défilent sous la plume de La Fontaine. Il donne ainsi à voir une scène de poulailler (« Son vainqueur sur les toits/S’alla perché), une simple « prise de bec ».
2. L’animal humanisé
Pourtant, l’association de certains termes, l’utilisation d’actions proprement humaines donne à ce « combat » un réalité plus sociale : la basse-cour devient alors « voisinage », le terme connoté de « gent » (Ensemble d'individus possédant un caractère physique, moral ou intellectuel commun; exerçant une même activité, appartenant à une même classe sociale) et de « spectacle », qui confère un intérêt visuel au banal combat. L’opposition entre « vainqueur » et « vaincu » présente la même idée d’une hiérarchisation social et humaine entre les volatiles. Certains verbes étonnent par leur caractère résolument humain: « pleura » (l.12), « s’armait » (l.18), « chanter » (l.20), « faire le coquet » (l.26) … Enfin, les humeurs de ces coqs n’ont rien d’animal : « ses amours »