L’extrait de l’ouvrage de Bertrand Russel, Problèmes de philosophie, cherche à expliquer l’intérêt de la philosophie pour l’Homme, en mettant en avant les différences entre le regard d’un individu « éclairé » par la philosophie et celui d’un individu se contentant de la réalité superficielle du monde qui l’entoure. Russel évoque ainsi la transformation du quotidien par le biais de la philosophie ainsi que son utilité. Selon le philosophe britannique, la philosophie remet en cause la plus banale des réalités de notre quotidien et terrasse les certitudes antérieures en apportant à la fois des réponses et de nouveaux questionnements. L’individu qui n’a pas accès à la philosophie est donc contraint de persister dans des idées reçues ou qui n’ont pas été forgées par sa raison. Russel expose dans un premier temps la perception du monde d’un individu « qui n’a aucune teinture de philosophie » (ligne 2), puis il fait intervenir la philosophie pour en montrer les effets.
La philosophie pose autant de questions qu’elle en résout, et les réponses qu’elle apporte ne sont ni évidentes ni absolument sûres. Mais ce paradoxe explique que la philosophie apporte une nourriture indispensable à l’Homme : elle lui impose de se maintenir dans un état de quête perpétuelle et de ne jamais se satisfaire de ce qu’il a déjà appréhendé. Russel explique ainsi le caractère restrictif de l’existence d’un individu qui ne serait pas habité par la philosophie. En effet, celui-ci se contente de sa propre opinion sans jamais chercher à la remettre en question, et, ce faisant, se ferme au monde extérieur et à la richesse intellectuelle que lui offre son quotidien. D’ailleurs, Russel insiste sur la pauvreté de ces idées toutes faites en les désignant de trois manières spécifiques : les « préjugés » (ligne 3), les « croyances » (ligne 4) et les « convictions » (ligne 4). Ces trois notions proches traduisent un jugement sans preuves, fondé sur l’émotion et non sur la « coopération [ou] le