Commentaire de tableau piero della francesca "annonciation"
S’il est un thème auquel la Chrétienté voue une dilection particulière, c’est celui de l’Annonciation, « instant inouï, vertigineux, où l’Histoire bascule »1, que relate l’Évangile selon Luc (I, 26, 38) : Au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu en une ville de Galilée appelée Nazareth auprès d’une vierge fiancée à un homme de la maison de David, un nommé Joseph. Le nom de la vierge était Marie. L’ange entra chez elle et lui dit : « Je te salue, Marie, pleine de grâce. Le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre toutes les femmes. A cette parole, elle fut troublée, se demandant ce que signifiait une telle salutation. Et l’ange lui dit : « Sois sans crainte, Marie ; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Et voici, tu vas concevoir un fils en ton sein, et tu l’enfanteras, et tu lui donneras le nom de Jésus.
Douze versets suffisent à narrer cette « annonce faite à Marie » que toute une tradition picturale va diversifier, privilégiant tantôt un moment de la scène, tantôt l’autre, à défaut de pouvoir les enchaîner en succession, comme au cinéma. Simone Martini, Guido da Sienna, Fra Angelico, Giotto, Leonardo da Vinci, Filippo Lippi…, tant d’artistes ont cherché à matérialiser visuellement le miracle en train de s’accomplir qu’on ne saurait les citer tous. Parmi eux, Piero della Francesca y consacra deux œuvres : la première, durant les années 1452 - 1466, dans le cadre de la décoration du chœur de la chapelle San Francesco d’Arezzo, la seconde, au cours de l’année 1469, pour le retable du couvent de Sant’Antonio de Pérouse2. C’est la fresque d’Arezzo que nous nous proposons d’étudier. L’œuvre figure dans un cycle de fresques relatant l’histoire miraculeuse du bois de la croix du Christ ou « Légende de la vraie croix ». Divisée en quatre parties, suggérées verticalement par la colonne centrale et l’angle du bâtiment, et horizontalement, par la frise de marbre noir, cette scène répartit l’espace en quatre «